mercredi 25 décembre 2019

Affaire Mario Sandoval : retour sur une campagne de désinformation et un emballement médiatique


Affaire Mario Sandoval : retour sur une campagne de désinformation et un emballement médiatique  

L’extradition du fondateur de CASPPA France, réalisée dans la nuit du 15 au 16 décembre 2019, ne marque pas pour autant la fin du combat judiciaire qu’il a initié en France pour rétablir la vérité, dénoncer les mensonges et les manipulations liées à la période des années 70 en Argentine, et mettre fin à cette terrible machination orchestrée contre lui. Mario Sandoval avait fait le choix de la France, et était convaincu de vivre dans un Etat de droit. Il n’avait pas, comme on peut le lire sur de nombreux sites de désinformation, fuit l’Argentine, ni cherché à occulter un quelconque « passé ». Mario Sandoval a toujours vécu ouvertement en France, a mené des activités publiques de chercheur et universitaire, qui l’ont notamment amené à participer aux négociations de paix en Colombie, ainsi qu’à la libération de la franco-colombienne Ingrid Betancourt. Il est d’ailleurs à craindre que ce soient ces activités qui ont entrainé une telle campagne de diffamation contre lui, certains milieux n’ayant jamais accepté qu’il ouvre un dialogue avec toutes les parties prenantes de ce conflit (les groupes armés de l’ELN, FARC, et AUC). 

Rappelons que son nom a été sali en toute impunité par la publication d’un article du journal « Pagina 12 » en 2012, qui a servi d’acte d’accusation, ce qui équivaut en Argentine à une condamnation. Car le plus grave est que cet article a suffi au juge TORRES, en charge de l’affaire dite ESMA, pour y associer rapidement des « éléments de preuve » à son encontre, à savoir des témoignages, recueillis plus de 40 ans après les faits mentionnés, et alors que Mario Sandoval est complètement étranger à cette affaire et ne figure dans aucun dossier de la CONADEP (Comisión Nacional sobre la Desaparición de Personas).

Ces témoins ont en effet affirmé reconnaitre le Mario Sandoval de l’article comme le « Sandoval » qui se serait présenté 40 ans auparavant au domicile d’un jeune étudiant enlevé et disparu, avec des dépositions que n’importe quel juge d’instruction digne de ce nom aurait écarté purement et simplement. Mais pas en Argentine. Être accusé par une famille de disparu équivaut à une condamnation immédiate, sans possibilité de pouvoir remettre en cause son témoignage, même s’il contredit complètement le témoignage déposé à l’époque des faits. Là-bas, ils constituent la base de l’accusation, sans aucune corrélation des faits, et permettent de juger et condamner directement, sans qu’il ne soit besoin d’enquêter ou d’instruire, contrevenant ainsi à tous les principes du droit pénal. 

Ces procès dits de « crime contre l’humanité » sont une supercherie judiciaire que nul Etat ou organisation n’a pourtant osé critiquer jusqu’ici, au nom de la lutte contre l’impunité. Ces procès sont pourtant iniques tant sur le fond que sur la forme. Mais rares sont les organisations ou personnalités qui osent les dénoncer, tant les risques de « rétorsion » à leur encontre sont grands. C’est ce qui est arrivé au Président de Casppa France, qui dénonçait depuis 2003 ce scandale.

Il est inquiétant que la France, pays des Droits de l’Homme, ait accepté pour des raisons politiques cette extradition vers un pays qui ne respecte pas à ce point les droits les plus élémentaires (droit de la défense, procès équitable, prison provisoire indéfinie, doute qui ne profite pas à l’accusé, application rétroactive de la loi pénale, responsabilité pénale collective, etc). C’est inquiétant non seulement pour Mario Sandoval, mais pour tout un chacun, citoyen et justiciable potentiel qu'une telle manipulation puisse ainsi se réaliser. Mais en France, il existe aussi de graves défaillances aujourd’hui dans le traitement des dossiers d’extradition. 

Rappelons pour ceux qui ne connaitraient pas la procédure, que le juge n’est aucunement saisi du fond d’un dossier, mais seulement de la remise de la personne aux autorités étrangères la réclamant. La question des droits de l’Homme n’est absolument pas abordée, il suffit que l’Etat requérant (l’Argentine en l’occurrence) déclare que les droits de la personne seront respectés. Or ces déclarations sont purement artificielles et ne constituent aucunement une garantie une fois l’extradition accordée. Ainsi, et malgré le nombre de pièces accablantes pour la justice argentine versées au dossier par la défense, que pas une seule n’a été retenue, l’Argentine ayant par ailleurs été acceptée comme partie prenante à la procédure. De même, aucun élément n’a été retenu malgré toutes les preuves apportées pour dénoncer une erreur manifeste sur la personne recherchée, et la mise en évidence des contradictions entre les témoignages de l’époque des faits et ceux recueillis en 2012 à la suite de la parution de l’article accusant Mario Sandoval.

Suffit-il d’avoir été fonctionnaire sous un gouvernement dictatorial pour être accusé de crimes ? On peut dire avec certitude que cela a joué un rôle non négligeable dans la décision de la justice française, qui a estimé qu’il suffisait que les accusations soient « plausibles », et refusé de prendre en compte les éléments disculpant Mario Sandoval, prétextant que ce n’était pas son rôle dans cette procédure. Le problème c’est qu’en Argentine, il n’existe pas de présomption d’innocence pour ces fonctionnaires, mais une présomption de culpabilité qui suffit à condamner, sans qu’il ne soit besoin de prouver quoi que ce soit. Sachant cela, cette lâcheté de la justice française n’en est que plus impardonnable.

Car l’Argentine de la période militaire, c’est aussi un imaginaire collectif puissant, un décor qui est planté. Puisque Videla était un dictateur sanguinaire, on s’attend donc à ce type d’information. Quand on veut croire à quelque chose, on trouve toutes les raisons de s’en convaincre. Il suffit de donner le surnom de « churrasco » à une personne, même sans aucune preuve, et de décréter qu’il travaillait quelque part pour l’accuser du pire. On oublie d’ailleurs au passage que la justice française a refusé de donner suite à la demande d’extradition relative aux 780 cas de disparitions dans le dossier d’accusation ESMA, en l’absence d’éléments pour ce faire.

Comme « Timisoara » fut le symbole de la désinformation de la révolution roumaine, cet infâme mensonge et les autres, nombreux, resteront associés dans l’histoire à une duperie montée de toutes pièces par d’anciens terroristes reconvertis en journalistes ou en « militants des droits de l’homme », qui ont pour seules motivations la vengeance et le pouvoir. La presse, dans sa quête insensée du spectaculaire, n’a malheureusement pas retenue la leçon. Elle préfère faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion, et propage sans aucun contrôle ni vérification des approximations, mensonges et dérapages. Plutôt que d’informer le public sur la réalité des années 70 en Argentine, elle préfère le maintenir dans la bêtise et le mensonge. Dans le cas de Mario Sandoval, elle préfère créer une polémique liée à un soi-disant « passé » qu’il aurait caché en France pour s’en prendre à la personne qui l’a recruté, au prétexte que celle-ci est aujourd’hui ministre et que tout est bon pour mettre ce gouvernement en difficulté. Il aurait été d’ailleurs plus élégant de sa part de déclarer qu’il n’avait aucune raison de ne pas croire Mario Sandoval quant à sa probité, plutôt que de dire qu’il ne connaissait pas ce passé. En tant qu’ancien professeur de droit public, il aurait pu invoquer le respect de la présomption d’innocence. Admettons qu’il s’est retrouvé, lui aussi, pris dans le tourbillon médiatique, mais qu’il saura vite retrouver ses esprits et rappeler avec force ce droit inaliénable. 

Enfin cette presse ne s’embarrasse pas non plus pour rectifier ses erreurs : lorsque les personnes qu’elle a accusées sont innocentées, elle n’en parle jamais. Il est plus vendeur d’accuser que d’informer, de manipuler que dire la vérité. C’est un commerce beaucoup plus rentable. Même le Cardinal Bergoglio, devenu Pape, a fait l’objet d’attaques ignobles de Pagina 12. Que pouvons attendre d’autre de la part d’organisations dont les mots d’ordre sont « ni oubli, ni pardon, ni justice » ?         

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