dimanche 17 janvier 2021

La République Argentine assiégée, ou comment les kleptocrates au pouvoir ont assailli l’Etat

Parvenu au pouvoir en 2003 avec un très faible score, et jusqu’alors Gouverneur de Santa Cruz inconnu du grand public, Nestor Kirchner, qui ne bénéficiait pas de majorité au parlement, n’arrivait pourtant pas seul au pouvoir. Comme le décrivent très bien les auteurs de l’ouvrage “El Pacto”[1], c’est en s’alliant aux anciens membres des groupes terroristes qu’il a assis son pouvoir, en mettant en échange en place un récit mensonger mais puissant autour de la mémoire des années 70 et des Droits de l’Homme. Sa stratégie a ensuite consisté à noyauter patiemment les institutions, en y plaçant ses affidés, et en dégageant tous ceux qui n’appliquaient pas les consignes. Ce pacte tacite assurait aux uns le pouvoir, aux autres l’impunité, et pour tous, l’argent de la corruption.

Mais revenons à ce qui peut être considéré comme le point de départ de l’assaut donné contre la République argentine : au cours d’une cérémonie mémorable organisée à l’ESMA, Nestor Kirchner humiliait l’Etat major de l’armée publiquement, dans un acte d’autoritarisme qui serait la marque des « années K » jusqu’en 2016. Alors que le pays avait déjà largement tiré les leçons des « années de plomb » avant cette date, Nestor Kirchner sonnait le glas des institutions du pays en installant aux plus hautes fonctions du gouvernement et des institutions de nombreux anciens terroristes.

Alors que le pays avait réussi à surmonter ces années de violence politique, il est parvenu à imposer une mémoire officielle revisitée, dont les anciens terroristes sont les grands gagnants. Les quelques voix qui se sont élevées pour protester contre ce plan sidérant qui a tout d’une vengeance, ont bien vite préféré se taire, face à la pression énorme qui s’est abattue, et à la grande purge qui s’en est suivie. Le débat a en effet vite laissé place à l’intimidation et aux menaces. Une forme de terrorisme culturel s’est abattue sur toutes les voix discordantes, et la menace de perdre son emploi a achevé d’éteindre toute contestation. Les fameux « escraches » sont même devenus très tendances aux yeux de la gauche progressiste, dès lors qu’ils sont dirigés contre les accusés dit de crimes contre l’humanité ou les juges récalcitrants (et beaucoup moins sinon)[2].

Il est donc devenu de bon ton de s’en prendre à tous ceux qui n’avaient pas rejoint les groupes armés illégaux dans les années 70 dans les années K. Face à l’indifférence de la communauté internationale, voir même avec la bénédiction d’organisations internationales, un gouvernement d’hommes politiques corrompus associés à d’anciens terroristes s’est imposé, et a pu mener une véritable guérilla judiciaire. Depuis plus de 14 ans, cette justice d’exception[3] rend implacablement son verdict, invariable et arbitraire : coupable. Cette mécanique redoutable a non seulement condamné des milliers de personnes sans preuve, mais a eu un autre effet dévastateur : la peur s’est insinuée progressivement au sein des institutions de contrôle et des contre-pouvoirs, et a laissé place à un clientélisme débridé. Le « gouvernement K » a pris tous les pouvoirs et instauré une véritable kleptocratie, par une prise en main de brutale toutes les institutions. En développant une mémoire glorifiant la « révolution culturelle » des années 70 et minorant les crimes terroristes, restés impunis, il s’est assuré du soutien de nombreux militants

Ce pouvoir absolu a permis à cette bande organisée de faire main basse sur de nombreux secteurs, et de s’enrichir de façon considérable grâce à une pratique débridée de la corruption, durant les différents mandats du couple Kirchner, soit de 2003 à 2015. Les juges en place se sont dans une très large majorité affranchie de leurs propres règles, sans jamais être sanctionnés, si ce n’est par une simple mise à la retraite d’office lorsque le scandale était trop fort. Mais ces pratiques sont devenues tellement visibles qu’elles ont fini par ternir le dernier mandat de Kristina Kirchner, faisant ainsi perdre le candidat qu’elle avait choisi de placer en 2015 pour faire son intérim et préparer son retour.

Après la victoire du chef de « cambiemos », et un intermède de 4 années où la justice est revenue mollement à des pratiques plus présentables, de nombreuses affaires à l’encontre du « clan K » ont été ouvertes. Hélas, une fois revenu au pouvoir en 2019, la folie prédatrice a repris de plus belle, cette fois-ci dans le but d’« effacer » toutes les affaires judiciaires du clan, qui sont nombreuses[4]. L’attaque est cette fois-ci directe, plus de militaires paravent pour masquer son véritable projet politique. Les procès-cirques de lèse-humanité ne suffisent plus à occuper le devant de la scène pour faire diversion. Après quelques mois de flottement où le Président Fernandez a tenté de faire croire qu’il était un social-démocrate, afin de rassurer le Fonds monétaire international (FMI) et les Chefs d’Etat qui avaient soutenu le plan de sauvetage qui avait été alloué à l’Argentine, les masques sont tombés.

L’assaut sur la justice a repris de plus belle, dans une quête éperdue à l’impunité générale du « clan K ». Les attaques sont dirigées une fois de plus sur les membres de la Cour suprême. En moins d’un an, le bilan de l’entreprise de démolition des institutions est sidérant, aidé en cela par une pandémie sanitaire qui a permis au clan de gouverner par décrets (plus de 76 en 8 mois !), contournant ainsi le parlement, et muselant la justice. L’opposition, divisée, ne joue aucun rôle.  En à peine un an d’exercice du pouvoir, la République est en passe de s’effondrer. Les Institutions, déjà affaiblies, vacillent. Les juges fédéraux, qui se sont compromis dans des procès-cirques mal-nommés de « lèse-humanité », qui ont bafoué ouvertement les règles de droit pénal élémentaires pour complaire au clan ou espérer des prébendes, rechignent jusqu’à présent à valider un plan d’amnistie aussi grossier.

Quelques voix s’alarment néanmoins. Le collectif « serà justicia » a adressé une supplique[5] au FMI, à la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et à l’Organisation des Etats américains, pour dénoncer l’assaut violent que subissent les institutions du pays dans le but de stopper les affaires de corruption qui touchent le clan.  Sera-t-il entendu ? Les argentins, qui ont assisté passivement au désarmement de leurs institutions et à la manipulation de la justice en 2003, auront-ils cette fois-ci l’énergie et la volonté de s’opposer ? La justice, qui s’est compromise en appliquant une politique d’Etat inique et illégale à l’encontre non seulement des anciennes forces armées et de sécurité, mais aussi des prêtres, avocats, magistrats, civils, etc, qui ont eu pour tort de ne pas avoir rejoint la lutte armée, appliquera t’elle demain une autre politique d’Etat tout aussi inique, destinée à garantir l’impunité du « clan K »? L’avenir le dira.

Casppa France, le 17 janvier 2021.



[2) Contrairement à ce qu’indique Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Escrache, ces "escraches" sont en réalité ultra violents et n’ont rien d’une manifestation pacifique. Ils n'ont jamais été condamnés par les autorités argentines, voir même encouragés. Etrangement, le "escrache" n’est plus le bienvenu dès lors qu’il touche l'un des leurs. https://www.casppafrance.org/2019/07/como-reaccionar-los-escraches-con-el.html. Récemment, le Président Fernandez les a comparé à des actes relevant du fascisme ou du nazisme, dans une volteface dont il est devenu coutumier. https://www.infobae.com/politica/2020/09/28/alberto-fernandez-condeno-el-escrache-a-ricardo-lorenzetti-es-algo-propio-del-fascismo-y-del-nazismo/

[3] En 14 ans de procédure, 250 sentences ont été prononcées, avec 1013 condamnations pour 164 absolutions ; voir le rapport officiel sur : https://www.fiscales.gob.ar/lesa-humanidad/en-14-anos-de-juicios-se-dictaron-250-sentencias-con-1013-personas-condenadas-y-164-absueltas/

[4] Voir le document présenté par « serà justicia », qui synthétise les nombreuses affaires de corruption qui concernent soit directement la famille Kirchner, soit des alliés proches https://drive.google.com/file/d/1u7qS4tNp6rm6_elcwGuUctYh3qzXS23p/view

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Garantizar los principios del Estado de Derecho: Respeto de la Ley, la Constitución Nacional y el Orden Jurídico Internacional.   Por ...