Vers la fin de l’ère des « déconstructionistes » ? Retour sur la marche historique du 2 juillet 2022 à Buenos Aires.
« Quand il tue un Homme, il croit tuer une idée », Les Justes, Albert Camus.
Comme Casppa France et d'autres n’ont cessé de le répéter depuis des années, le « récit » de ce qui s’est passé en Argentine durant les années 70 a été préempté et déformé par une poignée de militants radicalisés, inspirés par les méthodes de l’époque « structuraliste », qui méprisait l’histoire et la contextualisation. Très en vogue durant toute la seconde moitié du XXème siècle, la déconstruction a eu comme thuriféraires français, entre autres philosophes, Gilles Deleuze et Michel Foucault, eux même inspirés par une lecture biaisée de l’ouvrage « La volonté de puissance » de Nietzsche.
A une époque où la « moraline » a remplacé tout raisonnement cherchant à comprendre comment ce pays avait pu en arriver là, et comment les choses s’étaient elles passées, les adeptes de la « moraline » préfèrent les constructions binaires, telles que « bon ou mauvais », « bien et mal », pour construire leur récit « mémoriel ». Logiquement, dans cette construction de la mémoire, le contexte historique et toute la complexité et la diversité du réel ont été évacuées. Ne reste que d’un côté les « répresseurs », « génocidaires » ; de l’autre les « jeunes idéalistes » et autres « bons terroristes ». Bien sûr, dans leur récit les premiers sont du côté du mal, les méchants de l’histoire, qui ont torturé, tué, et commis un « génocide », ils n’appartiennent plus au genre humain et incarnent l’inhumanité absolue. De l’autre côté, se trouve évidement le camp du bien, avec les jeunes révolutionnaires idéalistes qui souhaitaient changer le monde à coups d’attentats. Avec une bonne dose de manichéisme et l’aide d’une puissante rhétorique qu’ils martèlent à l’envie, ils ont réussi à instaurer dans le monde entier une mémoire faite de raccourcis, simplifications et faux raisonnements. Leur thèse, simpliste, serait que la première violence serait celle des méchants représentants de l’État et de l’impérialisme, alors qu’eux mêmes n’étaient emplis que d’idéalisme pur et non violent. Cette théorie simpliste repose, sur le fait que ce sont ces méchants serviteurs de l’impérialisme qui ont commencé les premiers, pour empêcher le réalisation de leur rêve de « Socialisme national ».
L’histoire des années 70 en Argentine n’a jamais été véritablement écrite. Elle a été remplacée par les récits des militants des groupes armés (ERP, Montoneros, FAR, etc), qui, faute d’un travail historique sérieux et documenté pour leur porter la contradiction, a contribué à un récit manichéen et hystérique. Il est aujourd’hui très difficile de le remettre en question sous peine d’attaque de ces « jeunes idéalistes » parvenus aujourd’hui au pouvoir, et soutenus par de nombreuses personnalités étrangères se situant généralement à l’extrême gauche de l’échiquier politique. Cette version hystérique de la « mémoire » est aujourd’hui la seule qui vaille. La remettre en question aujourd’hui en Argentine est très difficile, sous peine d’être attaqué par une horde de « militants » hystériques.
Rien ne peut et ne pourra jamais justifier la mort atroce de ces personnes innocentes. Leurs familles continuent de réclamer, plus de 46 ans après, la vérité et la justice, et que ceux qui ont fomenté cet horrible attentat cessent d’être traités en héros. Le combat pour la Vérité ne fait que commencer.
Pour voir
la couverture médiatique de cette journée historique par la presse
argentine(en espagnol) :
Casppa France,
03/07/2022.
1Il faut souligner à ce titre le travail remarquable du journaliste Ceferino Reato auteur de “Masacre en el comedor/la bomba de Montoneros en la Policía Federal”
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